Parce que tous les serpents doivent entrer en scène...

Nombre de messages : 4 Age : 39 Date d'inscription : 08/06/2007

Catherine avait, une fois n'est pas coutûme, attaché ses longs cheveux. C'était peut-être un effort pour se faire discrète au départ, mais cela avait l'effet contraire: ses yeux étaient mis en valeur et cela attirait plus encore l'attention sur ses vêtements noirs, pourtant très discrets au départ. Son long imper noir les recouvrait entièrement et c'est ce qui me fera dire que c'est justement l'ensemble qui était voyant.

C'était toujours comme cela avec Catherine. Où qu'elle aille et peu importe la façon dont elle s'habillait, elle se faisait remarquer bien souvent sans le vouloir. Parce que s'il y avait une chose dont elle était consciente, c'était que dans le métier qu'elle exerçait, cette discrétion qui lui manquait tant était l'essentiel.

Il lui avait donc fallu pallier à son absence totale par autre chose. La force. Le charme. La persuasion. L'intelligence et la ruse. Et aujourd'hui, lorsqu'il lui arrivait de poser les yeux sur un mirroir - le lecteur découvrira que cela arrivait bien plus souvent que ne le sugèrent mes lignes, considérant qu'elle était très coquette -, elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle avait réussit.

Pour l'heure, elle entra sans jeter le moindre regard à qui que ce soit, se sachant pourtant fort bien l'objet de toutes les attentions et s'assit à une table, lentement, faisant sciemment durer le spectacle pour que les gens en aient pour leurs avidité et qu'une fois assise, ils lui fichent la paix. La suite ne devrait souffrir aucun témoin.

Lorsque Sierra poussa la porte du Tik Talk, elle sentit flotter jusqu'à elle le délicieux parfum de ce fabuleux café qu'elle adorait tant. Chaque jour depuis son arrivée à Toronto, elle ne résistait pas à l'envie de s'arrêter et de prendre le temps de déguster ce qu'elle considérait presque comme un nectar encore plus divin que l'alcool.

Comme toujours le café était bondé et il lui fut difficile de se frayer un chemin jusqu'à l'une des dernières petites tables disponibles. Hélant la serveuse, elle passa commande et se laissa aller à rêvasser un instant. Etait ce son côté photographe qui ressortait ? Toujours est il qu'elle adorait passer de longs moments assise içi à observer les gens qui l'entouraient. Elle tentait d'imaginer ce que pouvait être leur vie, quels pouvaient donc bien être ces sujets de conversations qui les rendaient tantôt si gais, tantôt si tristes ou emportés... Ce qu'elle appréciait le plus dans ces moments là c'est le sentiment de partager, ne serait ce qu'une infime seconde, l'intimité de ces gens que l'ont dit être "normaux" et desquels elle se sentait si étrangère. Pour une fois, perdue au milieu d'eux, elle avait l'impression de leur ressembler.

Tout içi était si normal ! Tous ces gens si normaux eux aussi ! Tous ? Pas si sûr. Aujourd'hui quelque chose semblait différent. Balayant du regard l'ensemble de la pièce elle mit un certain temps avant de comprendre ce qui l'avait intrigué sans pour autant l'avoir tout de suite remarqué. Là, au milieu de tous ces gens paisibles, une personne semblait se démarquer des autres. Peut être parce que, comme elle, celle ci se trouvait seule à sa table ? Non... Sierra en aurait mis sa main à couper : il y avait autre chose d'étrange chez cette femme.

Elle était d'une incroyable beauté et affichait un air sûr et limite hautain, comme si elle eut été parfaitement consciente de l'effet qu'elle ne devait pas manquer de produire sur autrui. Le genre de beauté aussi venimeuse que fatale... Il n'y avait pas la moindre jalousie dans les remarques de la jeune femme. C'était plutôt comme si son intuition (qu'elle avait appris très tôt à dévellopper et qui ne la trompait que très rarement) la mettait en garde. Cette femme ne cadrait pas avec le reste du décor ! Qu'était elle donc venue faire en ces lieux ?

Voilà qui en était largement assez pour susciter chez Sierra une envie d'en apprendre plus. Elle hésita un instant à aller l'aborder mais se ravisa très vite.

* Mauvaise idée ma vieille ! Si cette fille est aussi louche que tu te plais à le croire alors elle n'appréciera certainement pas ton intrusion. Et vu ta situation en ce moment je ne pense pas que tu ais vraiment besoin de te créer de nouveaux ennemis... Comme si Terry ne te suffisait pas ! *

Aussi préféra t'elle reste sagement assise et observer discrétement ce qui pourrait bien se passer. Elle commanda un autre café.

Lorsqu'Arthur arriva, Catherine était assise depuis une dixaine de minutes. Il n'avait encore jamais vu la jeune femme aussi se dirigea-t-il vers elle lorsqu'elle lui adressa un signe de la main. Un léger sourire aux lèvres, il fit halte au comptoir et, son café crème dans la main gauche, il alla s'asseoir face à elle.

Elle était incroyablement belle et il comprenait aisément, à présent, sa réputation dans le métier. S'il n'avait pu dénicher la moindre photo d'elle, c'est que non contente d'être une redoutable chasseuse de tête - voire tueuse à gages quand les circonstances l'imposaient -, elle connaissait son métier sur le bout des ongles - vernis en rouge - et veillait à ce qu'aucune trace physique ne demeure sur les lieux de ses crimes. Il détailla sa tenue domino et devina que sous son élégante veste blanche, elle n'était vêtue que de noir, identique à son pantalon et à ses chaussures à talons aiguilles.

Après l'avoir détaillée, il se permit enfin quelques mots:

"Vous êtes observée avec beaucoup d'insistance par une jeune femme derrière moi, ma chère."

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Elle lève les yeux vers lui et les plonge dans les siens. Elle s'est laissée détailler sans rechigner mais en gardant les yeux baissés pour réserver à Arthur une surprise.

"J'en suis consciente. Contrairement aux autres elle ne m'a pas lâchée des yeux. Elle est entrée après moi, c'est pour cela. Elle a une intuition assez développée et la mienne me dit qu'elle est probablement mutante et qu'elle a détecté chez moi quelque chose de semblable."

Elle a parlé la voix très tranquille, on pourrait presque dire très professionnellement, si ce n'est que, sans qu'on puisse comprendre pourquoi, on dirait plutôt qu'elle badine.

» Entrée en scène plutôt discrète ^^
» Parce que finalement...
» Parce que j'ai eu l'idée à Han-sur-Lesse...
» Parce qu'il est si rare de la voir ici...
» Parce que vraiment, c'est insupportable...