La tête à l'envers [A fermer]

A l'envers, les fesses et les jambes contre un arbre et le dos au sol. En fait, cela représente plutôt bien son état d'esprit. Shape attend Mystère, elle sait qu'elle viendra sans même qu'elle doive l'appeler. Elle a des choses à lui dire. Et un service à lui demander. Un gros service.

[Mystère]

...Et effectivement, elle arrive. Pas longtemps après. Au départ, elle ne comptait pas quitter le boulot, mais elle a compris que c'était sérieux. Et elle sait déjà ce qu'elle va répondre.

"...C'est non, Shape."

Elle roule, instantanément, se met en garde. Elle sait que c'est Mystère, mais c'est un réflèxe. Une preuve aussi.

"....Mystère, tu sais à quel point ça compte pour moi. Tu dois m'aider, c'est la seule chose dont je ne sois pas capable !"

"Je sais aussi que tu vas te faire tuer."

Elle s'est également mise en garde, elle jauge celle de Shape: absolument sans failles. Impossible d'y faire la moindre percée. La pousser à la faute, dans ce cas ?

"Je ne suis plus cette gamine apeurée, faible et en colère que tu as recueillie il y a plus de neuf mois, Mystère."

Elle est très calme, elle évalue la garde le Mystère, elle y voit une faiblesse et elle se rend compte que Mystère comble le trou, ayant perçu ses pensées. Elle s'efforce de faire le vide dans sa tête. Elle est capable d'avoir l'avantage.

"..."

Elle jauge Shape du regard. Elle a changé, oui. Beaucoup. Trop pour que cela soit réversible. Et c'est probablement de sa faute, elle n'aurait pas dû la laisser quitter l'Institut.

"...Tu n'es peut-être plus faible et morte de trouille, mais ta colère s'est muée en haine."

Elle évite une fois. Deux fois. Et puis bondit, clouant Shape au sol sans qu'elle ne l'aie vu venir.

La gamine a peut-être une force considérable, elle, elle a l'expérience.

"Tu vois ?"

Le baton a été expulsé, Shape sourit à Mystère et le sol se soulève de part et d'autre ainsi que juste au dessus d'elle, rejetant Mystère très loin.

"...Non. C'est toi qui devrais ouvrir les yeux. Aider moi à le trouver, Mystère."

Et la rage brûle dans ses yeux aussi fort que la détermination. Une rage sombre, sourde, froide, calculatrice.

On ne devrait pas confier de puissants pouvoirs aux êtres en quête de vengeance. Non, vraiment, on ne devrait pas.

Elle observe ces sentiments là et soudain, abdique.

"...Très bien, je t'aiderai à le trouver, ton Ovide."

Mais elle ne compte pas s'éloigner de Shape lorsqu'elle l'aura trouvé.

Shape sourit, très faiblement. Et puis se rend compte d'une chose:

"...Comment tu l'as appelé ?!"

Elle a déjà détourné le dos.

"Ovide, en référence aux métamorphoses de Kafka. C'est le nom qu'on lui donne, dans les bas quartiers."

Très légèrement désemparée:

"...Comment se fait-il que je n'aie jamais entendu parler de lui ? Je vais pourtant tout le temps là-bas..."

Elle tourne juste la tête, brûlante, menaçante:

"...C'est que tu n'as jamais pénétré assez profond dans la déchéance humaine."

Et elle se détourne pour de bon, disparaîssant en quelques instants, sans que Shape puisse la rattraper.