A pas de loup...

Elle hoche la tête, cherchant les mots justes. C'est très important pour elle... Ne jamais dire un mot de trop.

"Oui. Tu dégages une drôle de force... On a l'impression que tu es toujours égal à toi-même, que tu ne hausses jamais la voix et pourtant... Moi je vois que cette impression de... vide que tu donne n'est effectivement qu'une impression. A l'intérieur, ça bouillonne."

Limite si elle a pas les yeux à la Haru. C'est dit sur un ton très naturel... XD

"La plupart des gens s'arrêtent à ce qu'ils voient, en général. C'que je garde à l'intérieur n'est pas emprisonné là sans raison."

Elle hausse les épaules.

"Moi, je ne fais pas exprès d'aller au delà."

Elle se remet à pianoter, plus doucement.

"...Et tu as peut-être tort, c'est souvent ce qu'on cache, le plus passionant..."

Hausse les épaules aussi.

"Peut-être. Mais j'ai pas envie de partager ça avec d'autres. Ça serait une personne de trop."

"..."

Elle se replonge dans sa prise de note, elle vient de se faire rabrouer une fois de plus. C'est pas grave, elle a l'habitude, ça ne fait même plus mal. Mais est-ce qu'elle a sentit que ça faisait mal un jour ?

S'en veut un peu.

"Le prend pas mal surtout..."

"Prendre mal quoi ?"

Elle est apparemment indifférente.

"J'sais pas. Les détails. Ma froideur peut-être. Ce qui, habituellement, éloigne les autres."

"Je suis habituée au contraste intérieur/extérieur des gens. J'ai rarement rencontré des gens qui affichaient leurs sentiments ouvertement."

Elle relève la tête et le regarde droit dans les yeux, le crayon suspendu en plein mouvement accrobatique.

"...Quant à ta froideur apparente... Comme je sais que ce n'est qu'un masque, je n'en ai rien à faire."

Reste silencieux un moment.

"C'est assez étrange de rencontrer quelqu'un qui voit tout ce que vous vous efforcez de cacher."

"C'est absolument involontaire."

Elle relève les yeux, fiche son regard froid dans le sien.

"Note que finalement, vous êtes une bonne source d'inspiration, avec vos petits tourments intérieurs..."

"Tu dis ça comme si c'était rien."

N'a pas sailli, toujours la même expression figée sur le visage.

"Est-ce que c'est vraiment quelque chose ?"

C'est tout elle, ça... Répondre par des questions pour éluder celle qu'on lui pose à demi-mot.

"Évidemment."

Haha, si ça t'ammuse les réponses-questions, lui, c'est réponse courte et vague qu'il aime.

"Pour moi, ça ne représente rien. Tu avais vu juste."

*Je suppose qu'il a bien fallu que je me blinde, à la longue.*

...Elle n'ajoute pas ses dernières pensées, cela vaut mieux.

"Je sais que je ne peux pas voir la moindre idée de ce que ça représente que d'être empathe mais je suis pas sur que tu viverais bien avec ce que je "cache" à l'intérieur... Alors c'est pas rien."

Toujours aussi... aussi... aussi lui quoi.

Elle clique deux fois, referme livres, cahiers et portable. Elle croise les bras et s'accoude sur la table de travail, se penchant vers Sky. Elle s'exprime calmement, posément. Comme si ça ne lui faisait rien à elle de parler de ça. Surtout qu'elle ne fait pas la différence avec ce que ça fait à Sky.

"Lorsque je suis arrivée ici, il y a quelques années, j'ai rapidement comprit qu'il fallait que je m'isole, au risque de vraiment devenir folle. J'ai passé la plupart de mon temps à pleurer à la place de gens comme toi, à crier pour d'autres, à avoir mal pour eux. Parce que ces gens-là n'extériorisaient pas leurs sentiments, ils m'en chargeaient, bien inconsciemment, évidemment, mais le résultat était là. J'ai fait plusieurs dépressions nerveuses, j'ai faillit me suicider huit fois. Ne trouvant pas le courage la plupart du temps. Manquant mon coup les trois dernières fois. Avec le temps, j'ai appris à considérer vos sentiments comme les éléments d'une vaste fiction de laquelle je serais l'écrivain omnicient. C'est plus facile, de les considérer comme cela, comme si ce n'était rien."

Elle a dit tout cela tellement froidement, parlant lentement, articulant chaque mot. Comme si elle parlait d'une autre en empruntant son pronom personnel.

"Vu sous cet angle, c'est lourd. Mais vois-tu, c'que je garde, c'est ma punition. J'ai décidé de m'imposer ça pour ne jamais oublier ce que j'ai déjà été. Pour ne jamais refaire ce genre de chose. Ça ne changerais rien de raconter ça à tout vent, si ce n'est m'éloigner encore plus des autres. Pour moi, ça ne change rien. Si t'as à vivre avec ça, j'en suis bien désolé. C'est ma punition, pas la tienne, tu ne devrais pas la supporter."

Jamais simple, toujours complex.

"Donc, c'est ça...."

Pensive.

"...Je n'arrivais pas à définir ces sentiments qui te hantent. Tu es très complexe, à ce niveau-là, tu le sais ?"

La déclaration de Sky ne lui a fait ni chaud ni froid, apparemment. Elle a juste un peu plus mal à la tête qu'avant: il a beau avoir parlé très calmement, il était un peu trop passioné.

Huhu... il aurait tendance à s'emporter? ^^'

"Complexe à ce niveau là? J'ai l'impression de l'être à tous les niveaux des fois... "

"Ca, je ne peux pas le savoir."

Elle a rouvert un des livres et lit en diagonale un article sur une jeune fille morte lors d'une séance de spiritisme.

Se remet aussi au boulot.

*Pourquoi j'lui raconte ça....*